Suite à la prise de fonction de Monsieur John Petry en tant que nouveau Procureur général d'État le 1er février 2025, une audience solennelle pour son installation a eu lieu le 3 avril 2025 à la Cité judiciaire. L'événement a réuni le Président de la Chambre des Députés, Claude Wiseler, le Premier ministre, Luc Frieden, la ministre de la Justice, Elisabeth Margue, le ministre des Affaires intérieures, ainsi que de nombreux autres représentants du monde politique et judiciaire.
Dans son discours d'introduction, M. Petry a abordé la question de la résilience du pouvoir judiciaire face aux menaces contre l'État de droit.
Il a conclu son exposé avec les propos suivants :
Une Justice qui entend sauvegarder sa légitimité, donc son impartialité et la confiance qu’elle suscite dans le public doit éviter les extrêmes de l’activisme politique et de la compromission avec le pouvoir. Il doit trouver une voie médiane caractérisée tant par la retenue que par la vigilance. Une telle attitude protège la Justice d’attaques populistes contre sa légitimité et renforce la confiance dans son impartialité.
Le risque d’une dérive autoritaire à Luxembourg est, au regard de la grande stabilité de la situation politique qui continue à caractériser notre pays, actuellement des plus hypothétiques. Notre Constitution révisée comporte de sérieux garde-fous. L’impartialité de la Justice est garantie par l’indépendance qui lui a été reconnue.
Si, par impossible, la situation d’une dérive autoritaire se réalise, la Justice doit sortir de sa réserve et dénoncer publiquement les dangers qui guettent l’État de droit.
Une attaque en règle contre la Justice risque toutefois de ne pas se limiter à décrédibiliser sa légitimité, mais aura sans doute également comme conséquence que le Gouvernement refusera de tenir compte des décisions de justice, un spectre qui se profile actuellement déjà aux États-Unis.
Dans ce cas la Justice est relativement dépourvue de moyens, puisqu’elle ne dispose pas de sa propre force publique qu’elle pourrait mettre en œuvre pour sanctionner le non-respect de ses décisions.
Devant de tels développements, dévastateurs de l’État de droit, la réponse doit émaner de la société civile, qui devra se mobiliser.
Le dernier rempart est l’Union européenne.



