L’expert judiciaire mandaté par le juge d’instruction en charge du dossier a déposé un rapport préliminaire sur les causes de l’accident.
L’exploitation des boîtes noires des trains impliqués dans l’accident a donné les résultats suivants :
Le 14 février 2017, le train voyageurs TER 88807 de Bettembourg en direction de la France devait s’arrêter pour permettre le passage du train marchandises 49800 à destination de la gare de triage de Bettembourg.
En amont du point où le train TER 88807 devait s’arrêter, un signal fixe avancé a averti le conducteur du train qu’il devait s’attendre à un signal fixe principal en position d’arrêt. Le conducteur aurait dû réagir à ce signal en réduisant la vitesse. Cependant, le train a passé le signal fixe avancé sans que le conducteur ne réduise ensuite la vitesse.
Les raisons pour lesquelles le conducteur n’a pas tenu compte du signal fixe avancé et n’a pas déclenché de freinage sont actuellement en cours d’investigation.
Un contact fixe de la voie, dit « crocodile », qui est un élément du système d’aide à la conduite Memor II+, aurait dû transmettre la position du signal fixe avancé à l’automotrice. Les enregistrements montrent cependant qu’aucune impulsion n’a été reçue par l’automotrice. Le système Memor II+, qui était en service à bord de l’automotrice, n’a par conséquent pas déclenché de freinage d’urgence, malgré l’absence de freinage de la part du conducteur.
Au moment du passage du signal lumineux fixe principal qui indiquait la position « arrêt » (feu rouge), peu avant l’arrivée à la bretelle où a eu lieu l’accident, le conducteur du train TER 88807 a déclenché un freinage d’urgence au dernier moment alors que le signal était visible depuis quelques centaines de mètres. Le système d’aide à la conduite MEMOR II+ a enregistré le passage du signal fixe principal. Au moment de la commande de freinage d’urgence, le train TER 88807 roulait à 133 km/h.
Malgré ce freinage d’urgence, le choc était inévitable, la distance disponible pour le freinage étant devenue trop courte pour pouvoir arrêter le train. Le dernier enregistrement de vitesse du train voyageurs avant la collision avec le train marchandises était de 85 km/h.
Selon ce rapport d’expertise préliminaire, les faits qui ont conduit à la collision du 14 février 2017 à Bettembourg sont donc :
- le conducteur du train TER 88807 n’a pas réagi au signal lumineux fixe avancé présentant la position « avertissement » en réduisant la vitesse comme la réglementation le lui imposait,
- l'impulsion que le système d'aide à la conduite dit "crocodile" du signal fixe avancé aurait dû émettre n'a pas été reçue par le train TER 88807, ce qui a eu pour conséquence que le système Memor II+ n'a pas déclenché de freinage;
- lorsque le conducteur du train TER 88807 a réalisé que le signal fixe principal était en position « arrêt », la distance de freinage était insuffisante pour lui permettre d’arrêter le train à temps afin d’éviter la collision frontale.
Actuellement, l’enquête se poursuit pour déterminer toutes les circonstances de l’accident.