En novembre 2009, les autorités judiciaires luxembourgeoises ont été saisies par le juge d’Instruction de Thionville d’une commission rogatoire internationale dans le cadre d’un important trafic de stupéfiants.
Une enquête diligentée dès l’été 2009 en France a permis de révéler aux enquêteurs français que des quantités très importantes de stupéfiants vendues dans le nord-est de la France étaient importées des Pays-Bas via la Belgique et le Luxembourg en France.
Suite aux informations fournies par les autorités françaises, une enquête a été diligentée dans le cadre de la commission rogatoire internationale contre les principaux suspects au Luxembourg. Au cours de plusieurs mois d’enquête, la section Stupéfiants du Service de Police Judiciaire, en étroite collaboration avec les enquêteurs français, et sous la direction des juges d’instruction territorialement compétents, a permis de déterminer minutieusement les différentes personnes impliquées dans cette structure internationale :
Un ressortissant français, résident aux Pays-Bas et faisant fréquemment des allers-retours vers le Luxembourg et la France, a dirigé le réseau : des quantités importantes (de l’ordre de 20 à 30 kilogrammes par livraison) de cannabis, mais également d’héroïne et de la cocaïne, ont été acquises aux Pays-Bas, puis transportées en voiture par un courrier, une jeune femme de nationalité belge, des Pays-Bas à travers la Belgique au Luxembourg pour y être réceptionnées sur des parkings de supermarchés par un ressortissant français habitant à Kayl.
Ce dernier a reçu au Luxembourg les clients, c’est-à-dire des dealeurs français, et leur a vendu les stupéfiants (1-10 kilogrammes par client). Chaque dealeur a par la suite ramené lui-même les stupéfiants en France pour les revendre à des dealeurs de moindre importance, respectivement à des consommateurs.
Les enquêteurs estiment que de novembre 2009 à avril 2010, les suspects ont procédé à une cinquantaine de livraisons, de sorte que la quantité totale de stupéfiants ainsi importée en France s’élève à plus d’une tonne.
Vu le comportement très prudent et conspiratif des intervenants à ce réseau, plusieurs mois d’enquête étaient nécessaires afin de les identifier et de procéder à leur arrestation.
Sur base d’un mandat d’arrêt européen émis par les autorités judiciaires françaises, les membres de l’Unité Spéciale de la Police ainsi que du Service de Police Judiciaire ont pu arrêter le 27 avril 2010 à Tétange/Kayl le ressortissant français habitant Kayl ainsi que la « passeuse ». Cette dernière venait d’arriver des Pays-Bas et 28 kilogrammes de cannabis (haschich et marihuana) ont pu être saisis dans le coffre de son véhicule.
Suite à cette arrestation, 2 personnes ont été arrêtées le même jour aux Pays-Bas et 5 autres en France. Les personnes arrêtées au Luxembourg ont été remises dès le lendemain aux autorités françaises. Lors d’une deuxième vague d’arrestations, 10 personnes supplémentaires furent arrêtées le 4 mai 2010 en France, principalement de gros dealeurs. Parallèlement aux arrestations, des perquisitions ont eu lieu dans des locaux de commerce et des habitations privées, aussi bien au Luxembourg qu’en France et aux Pays-Bas. Plusieurs véhicules ont été saisis au Luxembourg ainsi qu’une grosse somme d’argent et des téléphones mobiles. En outre, les enquêteurs français ont pu saisir 16 kilogrammes de produits de cannabis, « importés » en France via le Luxembourg 24 heures avant les arrestations.
La valeur marchande en France des 28 kilogrammes de cannabis saisis lors des arrestations du 27 avril à Luxembourg peut être estimée à 115 000 euros (tarif en gros), respectivement 230 000 euros (prix de revente aux consommateurs). À quelques exceptions près, toutes les personnes interpellées en France, aux Pays Bas et au Luxembourg sont de nationalité française. La plupart d’elles étaient connues des services de police respectifs, quelques-unes ayant déjà subi des peines d’emprisonnement pour trafic de stupéfiants.
A noter que même si le marché visé par ce réseau de trafic de stupéfiants n’était pas le Luxembourg, une partie de la drogue est « remontée » au Luxembourg : Certains trafiquants luxembourgeois « moyens » visitent la région frontalière pour y acheter des produits illicites (v. arrestation d’un trafiquant luxembourgeois, le 19 avril 2010 à Frisange – bulletin de presse de la Police Grand-Ducale du 21 avril 2010).
(Communiqué par le Parquet général et la Police Grand-Ducale)